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La Côte n’a plus la cote…

Le Vif

Avec une chute moyenne des prix des appartements de 6 % en l’espace d’un an, le marché immobilier à la Côte belge est aujourd’hui dans le blizzard. Les raisons sont nombreuses. Explications.

Ceux qui investissent dans la brique devraient de temps en temps se rappeler que « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ». L’effet DLU, l’arrivée à terme d’assurances-groupe (ou des avances sur celles-ci), une rémunération trop basse de l’épargne classique et/ou une aversion pour la bourse, les motivations ne manquaient pas ces dernières années pour se faire plaisir en achetant un bien à la Côte belge. L’offre de nouveaux appartements n’arrivant pas nécessairement à suivre la demande au fur et à mesure, des propriétaires qui hésitaient à vendre tant les prix étaient à la hausse, il n’en fallait t pas plus pour engendrer un effet d’emballement.

Des lendemains qui déchantent…

Ce n’est pas tout de s’offrir une résidence secondaire à la mer. Encore faut-il en supporter toutes les charges qui en découlent. Comme dans tout immeuble à appartements, il faut évidemment honorer chaque trimestre ou chaque mois – c’est selon – les décomptes du syndic. Quand ceux-ci se limitent aux frais de fonctionnement du building, passe encore. Mais comme le parc immobilier de la Côte est en moyenne assez vieux, il faut souvent ajouter aux décomptes ordinaires une quote-part dans les frais extraordinaires de mise aux normes de(s) ascenseur(s), de ravalement de la façade, d’isolation ou autres gros travaux de rénovation. Dans certains buildings, ça n’en finit pas. Et cela peut finir par faire très lourd. A cela, il faut encore intégrer l’appétit du fisc fédéral – comme le fait d’ajouter 140 % du revenu cadastral de l’appartement à sa base imposable à l’IPP – et la gloutonnerie des pouvoirs provinciaux et communaux. Pour ces derniers, outre les classiques additionnels au précompte immobilier, il faut également prendre en compte la taxe annuelle sur les secondes résidences. A Ostende, celle-ci vient d’ailleurs d’augmenter de 54 % (!), passant ainsi de 650 à 1 000 euros par bien par an, peu importe de surcroît qu’il s’agisse d’un appartement-terrasse sur la digue ou d’un studio au centre-ville ! Last but not least, le coût du stationnement pour les non-résidents et, surtout, tolérance zéro oblige, celui des verbalisations…

Stratégie politique

Vu sous le prisme des grands argentiers communaux, chaque résidence secondaire est cependant constitutive de manques à gagner considérables en termes d’additionnels communaux à l’IPP. Compenser ce manque à gagner a du sens. Et comme tout euro réclamé aux détenteurs d’une seconde résidence est un euro de moins qu’il faut aller chercher dans la poche des habitants, le pouvoir politique communal n’hésite évidemment pas à s’engager dans cette forme de taxation, électoralement non préjudiciable…

Reste à savoir jusqu’où les propriétaires d’une seconde résidence accepteront de se laisser plumer. La classe moyenne de 2013 n’a plus rien à voir à avoir avec celle des années 60 à 90. Pour elle, la Côte belge n’est plus incontournable. Elle saute dans un avion Ryanair ou autre low cost pour rejoindre, l’espace d’un week-end ou plus, une destination assurément plus ensoleillée et financièrement plus abordable que notre littoral. Idem, sinon pire, avec les jeunes.

Jean-Marc Damry

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