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Suspicion de fraude dans le milieu du football: un coup de pied salutaire dans la fourmilière

L’enquête sur des soupçons de fraude dans les hautes sphères du football s’apparente à un coup de pied dans la fourmilière qui peut s’avérer salutaire, estiment jeudi les éditorialistes belges. « Opération mains propres », « magouilles dans le foot », « bombe judiciaire »… les mots sont durs.

Le football belge se réveille groggy au lendemain de l’important coup de filet de la justice dans le cadre d’une affaire présumée de blanchiment d’argent et corruption privée. Mercredi, une quarantaine de perquisitions ont été menées en Belgique et plusieurs figures importantes du football ont été interpellées, dont l’un des agents de joueurs les plus influents du pays, Mogi Bayat, l’ancien manager d’Anderlecht, Herman Van Holsbeeck, l’entraîneur du club vainqueur du dernier championnat, Ivan Leko, et deux arbitres de premier plan.

« La parenthèse enchantée ouverte par l’épopée russe de nos Diables Rouges s’est brutalement refermée (mercredi) matin », pose la Dernière Heure.

Pour les quotidiens, c’est tout le « système » du foot belge qui pose question. Il est « opaque, non régulé, propice à tous les excès et toutes les dérives », écrit Le Soir. « Dans le foot belge, il n’y a qu’une règle, c’est qu’il n’y a pas de règles », avance le journal, citant un « insider lucide ».

Ce dossier met au jour la relation entre dirigeants de clubs et agents de joueurs, estime La Libre, qui souligne « les dérives d’un football professionnel devenu un énorme marché mondial où tout, à commencer par les hommes, s’achète, se vend, se négocie ».

La Dernière Heure va plus loin en évoquant un « système Mogi Bayat », ce numéro un du milieu en Belgique devenu quasi incontournable auprès de nombreux clubs. « La justice va s’atteler à dépatouiller ce panier de crabes. »

« L’arrêt Bosman (un arrêt de la Cour de justice européenne rendu en 1995, NDLR), censé libérer les joueurs, a surtout fait exploser le marché, multiplié les intermédiaires, et ouvert la porte aux petits arrangements entre amis, à grands coups de rétro-commissions évidemment occultes », note pour sa part Sudpresse.

Au nord du pays, Het Nieuwsblad se penche sur le rôle des arbitres. « Le dernier symbole d’intégrité dont jouissait encore le monde du football est discrédité », dit le quotidien, qui voit dans cette affaire une « catastrophe pour le sport ».

« De foute makelaars moeten eruit » (« Les agents fautifs doivent dégager »), « Ons voetbal is rot » (« Notre football est pourri »), « Gerecht tackelt voetbal » (« La justice tacle le football »)… les constats de la presse flamande sont tout aussi sévères.

« Au milieu de tout ce jeu détestable, le public naïf des fans qui croient encore, envers et contre tout, à la beauté du sport et demeure prêt à payer (cher) pour applaudir les stars du ballon rond », dit La Libre, évoquant aussi le rôle des journalistes: « Un public dont nous faisons partie, nous qui sommes trop souvent enclins à fermer les yeux sur des dérives pourtant insupportables. »

Les éditorialistes voient dès lors l’opération judiciaire en cours comme « salutaire ».

Le travail des enquêteurs est d’ailleurs applaudi par L’Echo: « Soyons fiers de ces enquêteurs, de ces magistrats qui – avec des salaires de misère – luttent contre la corruption qui assassine ce grand sport populaire. On a suffisamment tapé sur la tête du parquet fédéral ces dernières années – entre autres au moment des attentats de Bruxelles – pour reconnaître aujourd’hui que ces gens effectuent un travail remarquable. »

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