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Animer la course, un défi permanent pour l’organisation du Tour de France

Animer la course, le leitmotiv trotte chaque année dans la tête du directeur du Tour de France Christian Prudhomme au moment de concevoir le parcours de l’été suivant, entre contraintes géographiques et quête de spectacle.

« Un Tour intéressant est un Tour animé », affirme-t-il à l’AFP à l’aube de dévoiler la carte de l’édition 2019, jeudi à Paris. « Et, s’il y a du suspens, tant mieux ! »

Pour dessiner une Grande Boucle, les contraintes sont multiples. Réglementaires d’abord puisque l’Union cycliste internationale, le pouvoir sportif, exige des plafonnements de distance (3500 km au total), de nombre de jours de course (21) et oblige les organisateurs à prévoir au moins deux journée de repos.

« Il existe d’autres contraintes que nous nous imposons. Rapprocher les montagnes de Paris, ce que Henri Desgrange et Jacques Goddet (le fondateur du Tour et son successeur) cherchaient déjà à faire, aller dans toutes les régions au moins une fois tous les cinq ou six ans », explique le directeur du Tour, en poste depuis 2006.

Les concepteurs doivent surtout tenir compte de la géographie du pays. « Si l’on trace une ligne droite du nord de l’Alsace au Pays Basque, il n’y a pas de montagne à l’ouest mais il est hors de question que l’on n’y aille pas », assure Christian Prudhomme.

Le problème ne se pose pas cette année puisque la précédente édition a fait la part belle au grand ouest. Cette fois, c’est l’autre partie du pays, la plus montagneuse, qui tire parti de l’alternance. « Le lieu du Grand Départ (Bruxelles en 2019) est un élément évidemment déterminant pour l’ensemble du parcours », souligne le directeur du Tour.

En revanche, les organisateurs assurent être parfaitement autonomes dans leurs choix. Tant vis-à-vis des équipes ou des coureurs que de la TV. « On pense bien sûr à la télévision qui magnifie les paysages du Tour et de la France mais la télévision s’adapte aux parcours du Tour. La France est belle et variée, c’est une chance immense », rappelle Christian Prudhomme.

– « On ne va pas demander son avis à chacun » –

Jean-Marie Leblanc, qui dirigea le Tour avant lui, ne dit pas autre chose. « Ce qui change, relève-t-il, c’est la pression que subit l’organisateur pour que sa course soit aussi et surtout un spectacle, ce qui est lié à l’évolution des médias ». Alors même que le Tour est « une épreuve d’endurance qui doit prendre en compte des paramètres tels que la résistance, le courage et la bonne santé du coureur ».

Le directeur de course Thierry Gouvenou confirme: « On écoute les critiques mais on ne va pas demander son avis à chacun. On a des convictions, par exemple ne pas faire plus de deux jours de sprint à la suite. Mais on n’est pas toujours payé de retour. » Le souvenir de l’étape de Quimper, propice aux offensives en juillet dernier mais conclue par un sprint, est encore présent.

Entre les organisateurs et les équipes, en réalité, les intérêts sont divergents sur le plan sportif.

« Une belle course, c’est du suspens et des défaillances, estime Thierry Gouvenou. Ce que l’on recherche, ce n’est pas la performance sportive mais un combat entre les meilleurs. Les équipes cherchent à lisser les efforts sur trois semaines pour qu’il n’y ait pas de jour-sans alors que les organisateurs cherchent à les pousser dans leurs retranchements ».

Son prédécesseur Jean-François Pescheux confirme: « La modernisation du cyclisme a une grosse influence sur la course. »

Faut-il oublier pour autant le cyclisme dit à l’ancienne, celui des attaques loin de l’arrivée ? Pescheux a son idée, à contre-courant des options des grands tours: « Il faudrait supprimer les arrivées au sommet, c’est ce qui fige les courses. »

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