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 » J’ai toujours les mains aussi moites avant une rencontre de Coupe Davis « 

À 33 ans, Steve Darcis vit peut-être ses plus belles années sur le circuit. Porté par la Coupe Davis, le Shark n’a jamais semblé aussi mordant. Symbole ultime de la réussite actuelle du team Belgique au côté de David Goffin, l’homme s’explique pour la première fois dans Sport/Foot Magazine. Interview garantie sans filtre.

Le fait d’être aujourd’hui l’un des symboles forts de la réussite de cette équipe de Coupe Davis, c’est quelque chose qui te rend fier ?

DARCIS : C’est vrai que j’ai des bonnes stats’ (20 victoires pour 8 défaites en simple, NDLR), mais c’est vraiment un effort collectif et je ne parle pas que des joueurs ou du capitaine. Moi, je m’entends bien avec tout le monde, le capitaine, l’ostéo, le kiné, le médecin, on est tous hyper liés. C’est ça qui fait notre force. On n’a peut-être pas une équipe de malade, mais on est tous capables de se transcender parce qu’on bosse dans des conditions exceptionnelles grâce à ce staff incroyable qui nous entoure.

C’est de là que te vient ton amour de la Coupe Davis ? De cet esprit de groupe qu’on retrouve dans les sports collectifs ?

DARCIS : Certainement. Rien que les Jeux olympiques, pour un tennisman, c’est la panacée. Avoir une vie de groupe, côtoyer des grands champions, c’est super. En 2008, je suis devenu pote avec Maxime Monfort à Pékin ; en 2012, j’ai rencontré Philippe Gilbert, on a suivi le périple de Lionel Cox jusqu’au bout, ce sont des moments rares dans une carrière. Je me souviens, j’étais déjà rentré en Belgique pour la finale du tir de Lionel, mais le fait de l’avoir rencontré, d’avoir partagé des parties de billard avec lui, j’étais comme un dingue devant ma télé, limite les larmes aux yeux quand il a eu sa médaille.

Tu peux comprendre du coup l’attitude d’un Goffin qui était en chasse pour le Top 10 et qui a privilégié sa carrière perso au premier tour contre l’Allemagne début février ?

DARCIS : (Il réfléchit longtemps). Je l’accepte en tout cas et oui, bien sûr que je peux le comprendre, même si je pense qu’il avait le temps et donc la possibilité de venir. Cela n’a créé aucune animosité entre Dav’ et moi, mais ce n’est pas pour autant qu’on en rigole. D’autant que je sais qu’au fond de lui, ça lui a fait mal de ne pas être là, mais c’est du passé maintenant, il faut avancer.

L’absence de David contre l’Allemagne t’a parachuté de facto comme le leader naturel et sportif du groupe Belgique. Cela t’a mis une pression supplémentaire sur les épaules ?

DARCIS : Franchement, c’est l’inverse qui s’est passé dans ma tête. Étant donné son absence, j’estimais qu’on n’avait aucune pression. Vu qu’on n’était déjà pas spécialement favoris avec Dav’, on l’était encore beaucoup moins sans lui. J’aurais pris une branlée le vendredi, une autre le dimanche, personne n’y aurait trouvé à redire, c’eût été logique. Je ne dis pas que moi-même je n’aurais pas été effondré, mais du point de vue de l’opinion, j’estimais personnellement n’avoir rien à prouver contre l’Allemagne.

Ce n’est pas toujours le cas en Coupe Davis : on se souvient d’un match en 2007 où Vliegen était blanc comme un linge avant de monter sur le court pour un cinquième match contre l‘Australie en huitième.

DARCIS : J’ai toujours les mains extrêmement moites avant une rencontre de Coupe Davis. Il n’y a pas d’âge pour ça. Je me vois encore commencer contre Stepanek en 2008 pour mon premier match vraiment important. Je me chiais dessus et je n’ai pas réussi à jouer le match que j’aurais voulu. Contre Wawrinka, en 2008 à Lausanne, j’avais carrément été jusqu’à demander à Julien Hoferlin de me remplacer. C’était blindé de monde, il y avait un bruit de fou, je revenais de blessure, bref, je tremblais comme une feuille et j’avais vraiment peur de me prendre une claque. Finalement, je perds en plus de 4 heures et je sors un gros match. Et puis, il y a ce match contre Delbonis en demi-finale en 2015 à Forest National. Un an avant, j’y avais été voir Florence Foresti avec mon meilleur pote et je m’étais déjà dit que je trouverais ça mythique de jouer un jour dans cette salle. Sauf que quand tu te retrouves à disputer un 5e match là-bas avec 2 rencontres dans les jambes, c’est autre chose. J’aurais eu l’air de quoi si j’avais eu des crampes partout après une heure de jeu ? Ce qui est difficile, dans ces moments-là, c’est d’appréhender le fait de ne plus jouer pour soi, mais pour toute une équipe, tout un pays, c’est vraiment différent. Certains y arrivent, d’autres pas, je pense à Xavier Malisse qui a à chaque fois fait des mauvais matchs à cause du stress alors que le mec, c’était un génie.

Par Martin Grimberghs

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Steve Darcis dans votre Sport/Foot Magazine

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