Marc Degryse

 » Quand un Super Sunday n’a rien de super « 

Pour Marc Degryse, le chroniqueur de Sport/Foot Magazine, la dernière journée de Jupiler Pro League a été un flop.

On allait voir ce qu’on allait voir, avec un enchaînement de chocs qui avait de la gueule – sur le papier. Mais on a dû en rester à la version papier… Bruges – Standard, Gand – Anderlecht et Ostende – Antwerp, ça aurait pourtant presque dû être ce qui se fait de mieux dans le foot belge.

Ma première surprise : le positivisme des supporters brugeois. Leur équipe n’a pas arrêté de boire la tasse dans ses matches européens cet été, mais ils sont toujours là avec leur enthousiasme. Maintenant, avec cette élimination hyper rapide et une gueule de bois qui va traîner pendant toute la saison, Ivan Leko sait ce qu’il lui reste à faire : il n’est peut-être pas obligé d’être champion mais il aura l’obligation de se battre longtemps pour le titre. En championnat, en tout cas, son équipe fait le boulot.

OK, sur le match de dimanche, avec le Standard qu’il y avait en face… Pourtant, la version sur papier a quand même de la gueule. Je me suis amusé à compter les internationaux qui étaient sur le terrain au coup d’envoi. Il y en avait sept. Guillermo Ochoa, Collins Fai, Constantinos Laifis, MerveilleBokadi, Uche Agbo, Paul-José Mpoku, Matthieu Dossevi. Quand on voit le jeu produit avec des joueurs pareils, on se pose plein de questions. Ricardo Sá Pinto sait sûrement ce qui est arrivé à Slavo Muslin et Yannick Ferrera après un départ raté. Point de vue mentalité et engagement, ce Standard est très largement insuffisant.

Le plus gros flop du dimanche, on l’a eu à Gand. Quel triste match ! Avec Anderlecht dans le rôle principal. Comment est-il possible d’aborder un match avec un état d’esprit aussi peu offensif ? Par exemple, Henry Onyekuru et Alexandru Chipciu étaient censés jouer à la hauteur d’ailiers mais ils étaient régulièrement à la hauteur de la ligne arrière. Et à partir du moment où les médians ne font pas non plus le boulot offensif qu’on attend d’eux, il ne faut pas s’étonner de voir un Lukasz Teodorczyk complètement esseulé sur son île. Et on n’a vu aucune organisation reconnaissable en possession de ballon. Anderlecht est champion et va dans le stade d’une équipe en plein doute, mais Anderlecht la joue très petit bras, c’est incompréhensible. Ce n’est pas le moment d’être trouillard à ce point !

Je ne m’explique pas la crise d’autant de clubs censés se battre dans le haut du classement. Ostende est un autre gros point d’interrogation. Aucun point en cinq matches avec un noyau pareil, il faut m’expliquer. Autant c’était frivole et insouciant la saison passée, autant il y a des doutes aujourd’hui. Le meilleur exemple, c’est Knowledge Musona. On a l’impression qu’il ne sait plus où il est, qu’il ne sait plus du tout comment il faut faire pour créer une occasion ou mettre le ballon au fond. Aujourd’hui, je me pose une question : le flamboyant Marc Coucke, comment va-t-il gérer sa toute première situation de crise ?

De l’autre côté, l’Antwerp a continué à régaler. Ça fait du bien de voir un club historique qui devient directement une révélation. On peut citer plusieurs joueurs qui font très bien le boulot, comme Sinan Bolat. Moi, j’y vois surtout le travail abattu en peu de temps par Luciano D’Onofrio et LaszloBölöni. Deux mois pour construire une équipe, c’est très peu. Mais quand on connaît les ficelles parce qu’on a traversé plein de succès et de tempêtes, ça aide. On savait que Bölöni était un adepte inconditionnel de la discipline et de la dépense physique. Ces deux armes permettent à l’Antwerp d’être dans le haut. Et de contribuer à un classement qui peut inspirer cette remarque : c’est de la fiction ou c’est la réalité ?

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