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Qu’est-ce que tu foot, Tony Brogno ?

Une tondeuse-robot s’occupe attentivement de la pelouse et c’est un Toni Brogno (40 ans) tout sourire qui nous accueille chez lui, à Gozée, près de Thuin.

C’est la couronne verte du pays des Carolos, avec ses quartiers de belles villas, soignées comme des premiers communiants. Les ruines de l’Abbaye d’Aulne attirent l’attention et les férus d’histoire n’ignorent pas que Gozée fut un des théâtres de la Bataille de Charleroi, en août 1914. Toni a lui aussi mené des combats pour briller en D1 (Sporting Charleroi, Westerlo), à Sedan ou à OHL avant de terminer son parcours chez les Dogues en juin 2009. On ignore que l’ex-Diable Rouge (7 caps) et meilleur buteur de D1 – 30 buts comme Ole-Martin Aarst en 1999-2000 – a un problème de santé chronique bien maîtrisé mais qui aurait pu ruiner ses ambitions sportives.

« Je souffre de rectocolite chronique, un souci proche de la maladie de Crohn », explique-t-il. « Tout est sous contrôle. Je me rends tous les deux mois à l’hôpital où on m’administre un baxter. » C’est en 1994-95 qu’il subit pour la première fois une attaque de rectocolite qui enflamma ses intestins. L’inquiétude familiale était grande car Toni perdit pas mal de kilos. « A cette époque, on a cru que ce problème était dû à un excès de fatigue : je débutais au Mambourg tout en travaillant en usine », se souvient-il. « Même si ce n’était pas de tout repos, l’explication ne résidait pas là. C’était peut-être inscrit dans mon capital génétique mais une chose est sûre : je n’en ai pas souffert à Westerlo. J’accusais plus le stress chez moi, à Charleroi. »

Quand Toni parle de Westerlo, qui le recruta chez les Dogues en D3, il n’ y a que du bonheur dans ses yeux et sa voix. « En 1997, je suis parti en vacances après avoir signé à Westerlo, qui disputait le tour final de D2 », se souvient-il. « Au Gaverbeek, à 2-3, un tir de Waregem percuta la barre transversale juste avant le coup de sifflet final. En cas de nul, Westerlo ne montait pas. C’est mon père qui m’annonça la nouvelle au téléphone : – Tu joueras en D1 la saison prochaine. Sans cette « latte » miraculeuse, je serais peut-être resté en D2, sans jamais connaître les grandes soirées de Westerlo, les succès légendaires contre Anderlecht, un titre de meilleur buteur, l’équipe nationale, Sedan, etc. J’ai eu la chance de jouer contre des joueurs comme les frères Frank et Ronald de Boer, Edgar Davidts, Giovanni Van Bronckhorst, David Beckham : il y avait de quoi se pincer pour y croire quand on part d’aussi loin. »

En juin 2009, Toni met la clef sous le paillasson de sa carrière sportive après une dernière pige à l’Olympic. « En fait, j’avais déjà pris ma décision à OHL », lance-t-il. « Je me suis alors donné un an pour réfléchir à l’avenir, préparer notre mariage. Cela me fit un bien fou. Un ami m’a alors parlé d’une possibilité d’embauche au Decathlon de Châtelineau. Je tenais à travailler comme on l’a toujours fait chez nous : mon père a bossé dans une carrière jusqu’à sa retraite. Je veux donner le même exemple à notre fille, Olivia. J’ai débuté à mi-temps au rayon sport cycliste avant de passer à la montagne puis, plus tard, au football. Certains clients sont surpris de me retrouver là. Moi, j’adore ces contacts. Je n’ai jamais regretté d’avoir arrêté ma carrière au bon moment, sans avoir été grièvement blessé ou disputé la saison de trop.

PAR PIERRE BILIC

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