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« En restant assis à ne rien dire, je me sentirais inutile »

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Débarqué dans le milieu en empruntant les voies du football de rue et de l’enseignement, Felice Mazzù passe derrière le rideau pour une visite guidée des coulisses de sa vie d’entraîneur. Une histoire de dialogues, de nuits trop courtes et de passion dévorante. Extraits.

Felice Mazzù à propos…

…de la comparaison enseignant/coach : « Au départ, en tant qu’enseignant, tu as une idée du métier. Tu penses que c’est le monde parfait, tu arrives avec ton chouette training, tes chouettes baskets, et tu fais des choses extraordinaires. Après, tu te rends compte que dans neuf écoles sur dix, tu n’as pas les conditions, pas les infrastructures, que la plupart des collègues pensent que la gym est un cours de délassement, de refoulement où il n’y a pas grand-chose à faire. En tout cas moi, personnellement, j’ai été très déçu du métier d’enseignant. Pas par le rapport avec mes élèves, mais par la façon dont je devais donner cours, la considération et les infrastructures. (…) Dans le milieu du foot, le métier d’entraîneur n’est pas le monde parfait que tu imagines quand tu te dis que tu veux être coach professionnel. Tu penses alors que c’est un monde où tout tourne autour du sport. Parce que finalement, dans ma tête, l’objectif était toujours le même. Le sport, en tant qu’enseignant ou en tant qu’entraîneur. Mais tu te rends compte qu’il y a des paramètres comme le financier, le sponsoring, le public, l’exigence des clubs… »

…de son rapport avec ses joueurs : « Pour moi, le plus important, c’est que tu connaisses tes joueurs, que tu partages leurs moments difficiles, de bonheur, de délicatesse au niveau familial… Mais ce n’est pas simple, parce que dans le milieu du foot, tout est basé sur une chose : je suis sélectionné, ou pas. Et je pense que beaucoup de joueurs s’arrêtent à la simple sélection. Tu es sélectionné, le coach t’apprécie ; tu n’es pas sélectionné, le coach t’apprécie moins. J’ai toujours essayé d’enlever ce paramètre-là, mais ce n’est pas simple. »

…de sa façon de coacher durant le match : « Tout dépend de ta personnalité, de la manière dont tu es avec ton groupe. Certains entraîneurs font du super boulot et, pendant nonante minutes, ils sont assis sur le banc et ne communiquent pas. Peut-être parce qu’ils ont réussi à tout transmettre avant, ou que les joueurs ont tout acquis et qu’une simple modification à la mi-temps suffit. D’autres, comme moi, ont besoin de vivre, de parler, de coacher, de crier constamment au bord du terrain. Je me sentirais inutile en restant constamment assis, à ne rien dire, lors d’un match. Pour moi, c’est plus une attitude d’utilité par rapport à mes joueurs, pour essayer de les guider. »

…de son admiration pour Diego Simeone : « Je ne dis pas que son football est extraordinaire, mais c’est un entraîneur qui est passionné, qui vit avec ses joueurs sur le bord du terrain. Il a l’air de se faire apprécier par son groupe alors que tu le vois toujours à l’arrache, en train de courir, d’exciter tout le monde… Il démontre qu’il est passionné et apparemment, ça marche avec ses joueurs. Sur l’aspect émotionnel, au niveau du coaching, j’ai toujours dit que j’aimais bien Simeone. Au niveau football, ce n’est peut-être pas celui qui apporte le plus beau jeu d’Europe, mais il arrive à transcender des joueurs et à faire des résultats avec un budget inférieur à d’autres dans le pays où il entraîne, par exemple. »

Par Guillaume Gautier

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Felice Mazzù dans votre Sport/Foot Magazine

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