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« Un bon entraîneur est un entraîneur qui gagne ? Je ne suis pas d’accord ! »

Samedi, Tottenham affronte Chelsea en demi-finale de la FA Cup. Les deux clubs luttent également pour le titre. Entretien avec Mauricio Pochettino, l’architecte argentin des Spurs.

Indépendamment de son classement en Premier League, où en est Tottenham aujourd’hui ?

MAURICIO POCHETTINO : Le club et l’équipe sont en totale reconstruction. Dans un an et demi, nous emménagerons dans un nouveau stade qui servira de modèle à l’Angleterre et à toute l’Europe. Notre équipe est jeune, en constante évolution. Le produit final n’est pas encore prêt.

Que vous manque-t-il encore ?

POCHETTINO : Du temps. C’est le temps qui va nous permettre de nous mesurer à des entités plus puissantes sur le plan économique. Un club qui construit un stade doit faire un effort financier important et doit donc faire preuve de créativité sur le plan sportif.

C’est utopique de penser que des joueurs comme Dele Alli et Harry Kane resteront encore des années chez les Spurs ?

POCHETTINO : Pourquoi serait-ce utopique ? Harry Kane l’a répété il y a peu : il n’y a rien de tel que de faire sa carrière où on se sent bien. Si la croissance de Tottenham se fait parallèlement à la sienne, pourquoi ne resterait-il pas ?

C’est quoi un bon entraîneur ?

POCHETTINO : De nombreux aspects entrent en ligne de compte : il faut pouvoir gérer un groupe, diriger, connaître le jeu… Un grand entraîneur est-il quelqu’un qui joue en 4-3-3 et peut changer de tactique mais a des problèmes relationnels avec ses joueurs ? Et qui peut juger ça ? Les supporters ? Les médias ? Les joueurs ? Et selon quels critères ? Il est tellement injuste de dire que tel entraîneur est bon ou mauvais… Surtout si on ne se base que sur les résultats. Pour beaucoup, un bon entraîneur est un entraîneur qui gagne. Je ne suis pas d’accord. Pour moi, l’important, c’est ce qui reste après quelques années, l’héritage, le fait d’aider les joueurs à progresser. Mais pour cela, il faut du temps. Et de l’expérience.

Vous avez joué pendant des années sous les ordres de Marcelo Bielsa ? Qu’en avez-vous retenu ?

POCHETTINO : J’ai été très marqué par Marcelo parce que j’ai passé de nombreuses heures avec lui et appris énormément de choses, tant sur le plan professionnel que du point de vue humain. Il transmettait sa passion du football à ses joueurs et c’est son héritage le plus important. Il nous a appris à être disciplinés, respectueux, à avoir des valeurs. Connaître quelqu’un qui partage autant d’émotions par l’intermédiaire du football, ça change une vie. Je pense que les entraîneurs qui ont très bien connu Marcelo se sentent différents.

Quand pensez-vous que vous aurez fait votre temps à Tottenham ?

POCHETTINO : Quand je ne serai plus motivé, quand j’aurai du mal à me lever et à venir au centre d’entraînement, quand je ne me sentirai plus heureux. C’est ce qui s’est passé à l’Espanyol. À un certain moment, j’ai senti que ça ne pouvait plus continuer et que la fin était proche. Le football est fait d’émotions.

Qu’est-ce qui vous satisferait cette saison ?

POCHETTINO : Je ne serai jamais content, je suis un éternel insatisfait. Je suis nerveux, curieux, toujours en train de chercher quelque chose. J’aime la découverte.

Par Lorena González

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