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Monchi, l’homme qui a révolutionné le FC Séville

Maxime Defays Journaliste

Ramon Rodriguez Verdejo, dit « Monchi », vient de prendre ses fonctions de directeur sportif à l’AS Rome, après 17 ans passés du côté du FC Séville, un club dans lequel il aura révélé plusieurs jeunes du « cru » comme Sergio Ramos ou Jesus Navas, et vers lequel il a su attirer des joueurs comme Dani Alves ou Rakitic.

17 ans après son arrivée comme directeur sportif dans le club de son coeur, « Monchi » va continuer son aventure en Italie, du côté de l’As Roma, et va succéder à Walter Sabatini, dont le club romain s’est séparé en octobre dernier, après environ 5 années de collaboration. Le manager espagnol a signé pour quatre années, avec une cinquième en option. Le club romain va pouvoir bénéficier de l’expérience d’un des meilleurs dirigeants sportifs de la planète « foot ». « Je ne pourrais pas être plus heureux étant donné que Monchi est considéré comme l’un des esprits les plus brillants dans le monde du football », a d’ailleurs déclaré à l’AFP, James Pallotta, le président des Giallorossi.

Le Monchi joueur

« Monchi », gardien de but du FC Séville dans les années 90, a connu une époque où le club oscillait entre la première et le deuxième division, en jouant une petite centaine de matchs pour l’équipe andalouse. Évoluant principalement comme doublure, il connaît la relégation en 1997 avant de retrouver l’élite à l’issue de la saison 1998-1999, année où il décide de prendre sa retraite, à 30 ans.

La prise en main de la direction sportive

En 2000, Monchi prenait les rênes sportives d’un club aux finances des plus restreintes, d’où l’obligation de renforcer l’équipe de manière stratégique, vu l’impossibilité de boucler des « transferts-records » de stars. La direction sévillane a demandé deux choses importantes à son directeur sportif: pouvoir faire progresser les jeunes et les intégrer progressivement dans le noyau professionel, et tenter de dénicher les bons joueurs de demain à petits prix en construisant un réseau de recrutement important à travers le monde, notamment en Amérique du Sud.

Le centre de formation sévillan n’est pas spécialement le plus réputé d’Espagne, mais des jeunes joueurs viennent régulièrement « grossir » les rangs de l’équipe première. C’est d’ailleurs la seule équipe de l’élite dont l’équipe B (composée donc de nombreuses jeunes pousses) joue en deuxième division. Sous Monchi, plusieurs jeunes ont pu exploser dans l’équipe A, comme Sergio Ramos évidemment (vendu 27 millions au Real), mais aussi Jesus Navas (vendu à City pour 25 millions), Jose Antonio Reyes (vendu à Arsenal pour 24 millions), Alberto Moreno (vendu à Liverpool pour 18 millions), le regretté Antonio Puerta ou encore Sergio Rico.

Mais là où Monchi fut encore plus performant, c’est dans le recrutement peu onéreux de joueurs, revendus pour certains, plus tard, pour beaucoup d’argent. C’est surtout son flair et son réseau important de recruteurs qui vont permettre au club andalou d’attirer à chaque fois des joueurs qui, au cours de leur passage, auront laissé leur empreinte dans l’histoire du club.

Les « gros coups » de Monchi

En plus des plus-values importantes des joueurs formés au club (voir plus haut), on peut notamment citer les excellentes acquisitions suivantes:

– Luis Fabiano est recruté à Porto pour 3,5 millions en 2005 et marquera 108 buts en 229 matchs

– Frédéric Kanouté est acheté la même année à Tottenham et marquera 136 buts en 290 rencontres.

– Dani Alves quitte Bahia au Brésil pour 1 million en 2002 (puis effectue la carrière qu’on connaît, vendu 35 millions au Barça).

– Julio Baptista est acquis en provenance de Sao Paulo en 2003 pour 3 millions (47 buts en moins de 100 matchs, revendu 20).

– Rakitic, acheté (à peine), 1,3 million d’euros à Schalke en 2011, revendu 3 ans plus tard au Barça pour 24 millions.

– Krychowiak, acheté 4,5 millions à Reims, est revendu 30 millions à Paris en 2016.

– Kevin Gameiro aura coûté 7 millions et aura rapporté 24 millions, transféré à l’Atlético.

– Carlos Bacca est achété 7 millions à Bruges, vendu 30 au Milan.

– Negredo, acheté 15 millions, est cédé pour 25 à City.

– Seydou Keita, 3,5 millions à l’achat, 14 millions à la revente (Barcelone).

Des transferts manqués

Le bilan du manager sévillan à la tête de son club fut une réussite totale. Pourtant, quelques points négatifs viennent évidemment, un peu, noircir le tableau. On se souviendra notamment de l’achat d’Arouna Koné pour 12 millions d’euros, qui accouchera d’un échec cuisant, avec à peine un but au compteur de l’Ivoirien, en 40 apparitions, mais aussi Chevanton, arrivé de Monaco pour 10 millions, qui ne marqua que 8 buts en 34 matchs, sans oublier les récents passages de Ciro Immobile, qui ne joua que 15 matchs, et qui cartonne aujourd’hui avec la Lazio et de Fernando Llorente, acquis à la Juventus en 2015, mais qui ne marque que 7 buts en 36 rencontres. Franco Vazquez, acheté à Palerme en 2016 pour 15 millions, tarde lui aussi à confirmer les espoirs placés en lui.

Ces « manqués » seront vite pardonnés en regard du travail colossal abattu par Monchi, avec qui Séville a tout de même remporté 5 Europa League (un doublé 2006-2007 et un triplé 2014-2015-2016), 2 Copa Del Rey, 1 Supercoupe d’Espagne et 1 Supercoupe d’Europe. Autant dire que trouver un successeur au moins aussi fort que lui ne va pas être une tâche aisée pour les dirigeants andalous.

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