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Lukaku :  » Je suis un mal-aimé mais sur le terrain, je suis là et bien là « 

Thomas Bricmont

Romelu Lukaku nous a ouvert les portes de son univers anglais afin d’évoquer, en aparté, pour la première fois les sifflets du public belge, l’échec à l’EURO, ses grandes ambitions, ou ses liens très forts avec sa mère. Extrait.

Après le match face à l’Estonie, on a eu le sentiment que pas mal de gens se sont enfin rendu compte de l’étendue de ton potentiel, que Lukaku ce n’était pas juste un buffle qui bouscule les défenses.

LUKAKU : (il rit) C’est pourtant l’image que certaines personnes dans les médias renvoient. Avant le match face à la Bosnie, un des analystes du nord du pays avait déclaré que je ne méritais pas de jouer avec les Diables car je n’étais pas en forme en club. Je restais sur quatre matches : contre Sunderland où j’ai inscrit trois buts, contre Middlesbrough, je marque et je donne un assist, contre Bournemouth on perd, et on partage contre Crystal Palace où je marque sur coup franc. Je marque donc 5 buts en 4 matches mais je ne mérite pas de jouer en équipe nationale ! Et je restais aussi sur un doublé à Chypre. Mais je ne dois pas jouer, je ne suis pas en forme, etc. On dirait qu’il y a des gens qui ne veulent pas que je joue. Mais je ne veux pas réalimenter ce débat, je réponds sur le terrain. Beaucoup de gens cherchent à faire du buzz avec leur blabla. Moi, je tire mon inspiration de sportifs comme LeBron James ou Kobe Bryant, des grands champions qui ont été critiqués mais qui ont su installer du respect. J’ai beaucoup d’admiration pour eux, des mal-aimés qui sur le terrain sont là et bien là. Je fais partie de ces gens-là : un mal-aimé mais sur le terrain, je suis là et bien là.

Comment expliques-tu ce rapport difficile avec le public belge ?

LUKAKU : Parce que j’ai commencé très tôt. Pas mal de personnes ont gardé l’image du joueur que j’étais en Belgique mais ils n’ont pas vu que j’avais progressé. Et en sélection, j’ai fait de mauvais matches mais j’ai aussi fait de bons matches. Martinez m’a aujourd’hui délivré de la prison dans laquelle j’étais car depuis qu’il est là, je n’ai livré que de bons matches. Et je ne parle pas que pour moi, je parle pour Eden (Hazard), Kevin (De Bruyne), Meunier, Carrasco, Ciman. Depuis qu’il est là, il y a beaucoup plus de joueurs (il tape du poing) qui ont la pêche.

Romelu Lukaku :
Romelu Lukaku : « Je sais d’où viennent les sifflets ».© BELGAIMAGE

Face à la Bosnie, tu as marqué mais il ya aussi eu les sifflets d’une partie du public. Comment as-tu vécu ces sifflets ?

LUKAKU : Pendant le match, il ne fallait pas que je perde ma concentration car je savais que j’allais marquer, je le savais. Même après la grosse occasion que j’ai loupée. Ce n’est que quand je suis arrivé à la maison, quand j’ai eu ma mère et mon meilleur pote au téléphone, que j’ai pris conscience des sifflets. Et là, ça m’a énervé. Contre l’Estonie, j’ai encore entendu des sifflets. Je sais d’où ils viennent, du coin à droite derrière le goal où il y a les ultras. Je sais que c’est eux.

Tu penses que ces sifflets sont liés davantage à ta personnalité qu’à ton jeu ?

LUKAKU : Elle a quoi ma personnalité ?

Une forme d’assurance, à l’image des sportifs américains, qui dénote…

LUKAKU : Pourquoi ne devrais-je pas essayer de tirer le maximum de mon potentiel ? C’est du grand n’importe quoi ! Quand j’étais en U16 avec la sélection, on m’avait demandé de donner par écrit mes ambitions futures : j’avais répondu que j’avais envie de participer à la Coupe du Monde 2010. Ça pouvait sembler fou mais qu’est-ce qui s’est passé en 2010 ? J’ai gagné le titre avec Anderlecht, j’ai fini meilleur buteur et trois mois avant j’avais été convoqué en équipe nationale.

Par Thomas Bricmont, à Manchester

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