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Les 5 raisons du succès de Manchester City

Steve Van Herpe
Steve Van Herpe Steve Van Herpe est rédacteur de Sport/Voetbalmagazine.

Manchester City livre une saison historique sous la direction de Pep Guardiola. Qu’est-ce qui rend cette équipe exceptionnelle ? Voici les cinq raisons de son succès.

1 Cure de rajeunissement

L’été dernier, Manchester City s’est séparé d’une série de joueurs proches de la retraite : Willy Caballero (36 ans), Gaël Clichy (32), Jesús Navas (32), Bacary Sagna (34), Pablo Zabaleta (32) et Aleksandar Kolarov (32). La saison dernière, onze joueurs du noyau avaient plus de 30 ans. Désormais, ils ne sont plus que cinq. Pep Guardiola a ramené la moyenne d’âge du groupe à 25,45 ans. Ce qui ne signifie pas pour autant que celui-ci est moins expérimenté car, lorsqu’ils sont prêts physiquement, Vincent Kompany (31), Fernandinho (32) et David Silva (31) sont pratiquement toujours titulaires. Sur le banc, on retrouve régulièrement Yaya Touré (34) et Claudio Bravo (34), le gardien chilien considéré comme  » insuffisant  » la saison dernière. Mais avec Bernardo Silva (23), Benjamin Mendy (23), Ederson (24), Danilo et Kyle Walker (27), City a subi une cure de rajeunissement. Une pépite de 17 ans, Phil Foden, a même rejoint le noyau.

2 Stabilité défensive

Manchester City a dépensé 250 millions d’euros sur le marché des transferts l’été dernier. Une somme énorme destinée principalement à l’achat de cinq joueurs : Mendy(57,5 millions), Walker (51), Bernardo Silva (50), Ederson(40) et Danilo (30). Hormis Silva, tous sont des défenseurs. Ajoutez-y John Stones, arrivé d’Everton la saison précédente, et cela vous fait une toute nouvelle ligne arrière. Le gardien Ederson est sûr et peut jouer au pied, ce que cherchait Pep Guardiola. Dans le système de l’entraîneur catalan, l’importance d’arrières latéraux qui montent est vitale : Walker, à droite, et Mendy, à gauche, répondent parfaitement au profil. Sans oublier que dans l’axe, Stones, qui manquait encore de planche l’an dernier et devait s’habituer à jouer avec de l’espace dans son dos, a beaucoup progressé.

Et qui sait si City ne se renforcera pas encore lors du présent mercato d’hiver ? Car Mendy s’est blessé au ligament croisé en septembre et ne reviendra qu’en avril.  » Il est irremplaçable mais nous verrons si nous achetons un joueur ce mois-ci « , a dit Guardiola. En attendant, le médian Fabian Delph a été recyclé en arrière gauche, un poste où il se tire relativement bien d’affaire. Comme Stones est également absent pour l’heure et que Kompany est fragile, Guardiola a également dû remanier sa défense centrale. C’est ainsi qu’Eliaquim Mangala (ex-Standard), arrivé de Porto pour… 36 millions lors de l’été 2014, a retrouvé du temps de jeu.

3 Esprit d’équipe

Lors de la dernière saison de Manuel Pellegrini – 2015/2016 – il était de notoriété publique que l’équipe était déchirée entre différents clans. Quelques fortes personnalités comme Yaya Touré et Joe Hart avaient au moins autant à dire que l’entraîneur dans le vestiaire. Cette situation était malsaine. La première mission de Guardiola a donc été de recréer une unité et de remettre quelques joueurs à leur place. Hart a été prêté et quelques autres intouchables se sont retrouvés sur le banc. Dimitri Seluk, l’agent de Yaya Touré, ne l’a pas avalé. Dans le Sunday Mirror, il s’en est pris àGuardiola :  » Il n’a été champion qu’avec Barcelone et avec le Bayern. Honnêtement, même mon grand-père y serait arrivé. Ce sont de grands clubs, avec de grands joueurs. Je voudrais voir Guardiola reprendre une équipe qui a terminé huitième ou neuvième, pour voir s’il la conduirait au titre.  » Touré fut tellement choqué par de telles déclarations qu’il présenta immédiatement des excuses. Ça n’y changea pas grand-chose : les jours de l’Ivoirien à City sont comptés. Cette saison, il décolle rarement du banc et on dit qu’il pourrait rejoindre New York City, un club filiale des Citizens.

Cette saison, outre le spectacle produit, c’est surtout l’esprit d’équipe qui caractérise les Skyblues. Regardez bien : lorsqu’un joueur inscrit un but, tous ses équipiers viennent le féliciter. Le collectif a pris le pas sur les égos et le mérite en revient à Guardiola. Les joueurs sont obligés de prendre leur petit déjeuner et leur repas de midi au club. Ça leur permet de bien s’alimenter mais aussi de mieux se connaître. Cette unité, le coach tente de l’implanter à tous les niveaux du club. Il met un point d’honneur à appeler chacun par son prénom, de la dame qui sert le café au responsable de la comptabilité. De temps en temps, il va faire un tour dans les bureaux de l’Etihad Stadium pour discuter avec le personnel administratif, histoire que tout le monde se sente impliqué dans le projet.

4 Faire progresser les joueurs

Si plusieurs médias ont déjà déclaré que Kevin De Bruyne était  » le meilleur joueur de Premier League cette saison « , c’est aussi grâce à Guardiola. Les deux hommes ne laissent d’ailleurs pas passer une occasion de se lancer des fleurs. Évidemment, on connaissait déjà depuis longtemps le potentiel énorme du Diable Rouge. En plus de De Bruyne, Leroy Sané et Stones ont beaucoup progressé mais celui qui a le plus évolué, c’est Raheem Sterling. Cette saison, il présente déjà de meilleures statistiques que sur l’ensemble des deux derniers exercices. Transféré de Liverpool pour plus de 70 millions d’euros, lors de l’été 2015, il était devenu, à 20 ans, le joueur anglais le plus cher de tous les temps mais lors de sa première saison à l’Etihad Stadium, il n’a pas répondu à l’attente. Dans la foulée, il n’est pas parvenu à tirer l’équipe d’Angleterre vers le haut lors de l’EURO 2016.

Très critiqué, il en a souffert. Après le match d’ouverture face à la Russie, il a posté sur Instagram une photo du Stade Vélodrome de Marseille avec, en commentaire, #TheHatedOne. À l’hôtel de la sélection anglaise, il allait régulièrement voir Steve Peters, le psychologue qu’il avait connu à Liverpool. Finalement, Roy Hodgson l’a écarté du onze de base pour le troisième match, face à la Slovaquie. Sterling a accusé le coup. En apprenant cela, Guardiola l’a appelé. Le Catalan lui a rappelé qu’il avait des qualités et qu’il se réjouissait de travailler avec lui à Manchester City.  » Je me battrai pour toi « , lui a-t-il dit.  » Ne perds pas courage. Je sais que tu es un grand joueur, tu seras un pion important sur mon échiquier.  »

Cette saison, Sterling éclate complètement. Guardiola lui accorde visiblement une grande confiance et il a retrouvé le plaisir de jouer. En coulisses, Mikel Arteta, l’entraîneur adjoint, travaille énormément avec lui afin d’améliorer encore sa technique car ses actions sont souvent décisives. On l’a encore vu lors du match contre Southampton, lorsqu’il a inscrit le 2-1 d’une frappe enroulée à la 97e minute. Au cours de la même semaine, il a encore fait la différence en marquant contre Feyenoord (1-0) et Huddersfield Town (1-2). On peut désormais dire sans risque de se tromper que Guardiola a transformé Sterling de joueur de salon en tireur d’élite et que celui-ci devient petit à petit une des figures de proue de cette équipe exceptionnelle.

5 Encadrement parfait

Guardiola ne laisse rien au hasard et ça ne se limite pas à l’aspect sportif. Les repas sont préparés par de grands chefs tandis qu’un nutritionniste a été engagé. C’est ainsi que Nicolás Otamendi et Sergio Agüero ont été mis au régime sans gluten. Le staff médical se compose de dix ( ! ) personnes, dont deux médecins. Les joueurs se voient régulièrement prescrire des compléments alimentaires et des vitamines, en fonction de leurs besoins. Leur pourcentage de graisse est surveillé de près et on procède régulièrement à des prises de sang. Après chaque match, les joueurs bénéficient d’une séance de cryothérapie afin de récupérer plus facilement. Ils passent quelques minutes nus dans une pièce à une température de -110 degrés. Faites le compte : un grand staff + un grand coach + de grands joueurs = de grands résultats.

Par Steve Van Herpe

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