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La Fifa réautorise les matches officiels en Irak

La Fifa a autorisé la reprise des matches officiels en Irak interdits depuis les années 1990 pour raisons de sécurité, une décision « historique » saluée samedi par l’Irak comme un « nouveau départ ».

« Le moment est arrivé, après des décennies d’attente et d’amertume », s’est félicité dans un communiqué la Fédération irakienne de football peu après une conférence de presse du patron du foot mondial Gianni Infantino à Bogota.

« Nous allons permettre que des matches internationaux de la Fifa soient disputés » en Irak, a-t-il déclaré M. Infantino à l’issue d’une réunion du conseil de la Fifa, limitant toutefois la tenue de ces rencontres à trois stades: à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien dans le nord, et à Bassora et Kerbala, dans le sud.

Même si l’Irak n’a pas encore obtenu de réponse sur la tenue de matches dans sa capitale Bagdad, la Fédération a salué une « occasion historique » qui « remet notre sport sur les rails ».

L’Irak, déchiré par les guerres et les violences à répétition, tentait depuis des années d’obtenir de la Fifa d’être déclaré de nouveau un terrain de jeu sûr, rappelle le numéro deux de la Fédération, Ali Jabbar.

« Nous avons attendu longtemps (…) nous devons maintenant fortifier cet acquis », affirme-t-il à l’AFP.

Car la Fifa avait déjà allégé son interdiction en 2012, autorisant dans ces trois stades des matches internationaux, mais uniquement amicaux. Mais dès le premier match international organisé –Irak-Jordanie à Erbil, au Kurdistan–, une coupure d’électricité l’avait forcée à rétropédaler.

Décidée à faire oublier ce passé, la Fédération a promis de « ne ménager aucun effort » pour élargir la levée de l’interdiction aux « stades des autres provinces, dont Bagdad ».

– ‘Redonner vie au foot irakien’ –

Après un match sans précédent depuis des décennies de son équipe en Irak, l’Arabie saoudite a récemment promis à la capitale un stade de 100.000 places, qui pourrait remplacer le vétuste « Stade du peuple », de 40.000 places.

Le patron du sport saoudien, Turki Al-Sheikh, a d’ailleurs présenté sur Twitter ses « félicitations à tous les sportifs d’Irak ».

Le ministre de la Jeunesse et des Sports irakien Abdel Hussein Abtane a, lui, salué « une victoire sportive » obtenue au prix d' »efforts exceptionnels ».

Et le fruit de ces « efforts » se matérialisera prochainement, a indiqué le président de la Confédération asiatique (AFC), cheikh Salman ben Ibrahim Al-Khalifa.

Les premiers matches internationaux pourraient avoir lieu en avril. Il s’agit des matches de deux clubs irakiens contre des équipes du Bahreïn pour la Coupe de l’AFC, reportés en mars dans l’attente de la décision de la Fifa.

Le patron de l’AFC a indiqué travailler à fixer un calendrier pour ces rencontres, saluant une « victoire de la bonne volonté irakienne ».

Jouer à domicile va lancer « un nouveau départ pour le foot irakien », s’est enthousiasmé auprès de l’AFP l’entraîneur de l’équipe nationale, Bassem Qassem.

Sur les réseaux sociaux, les Irakiens commentaient activement la décision de la Fifa. L’un d’eux écrivait sur Twitter que la Fifa venait de « redonner vie au football irakien ».

Si le ministre Abtane, dont le parti chiite al-Hikma est engagé dans la course pour les législatives du 12 mai, évoque une victoire « sportive », cette décision a également un volet politique.

Pour Bagdad, qui s’est déclaré en décembre « vainqueur » du groupe Etat islamique (EI), une validation de la Fifa est précieuse. D’autant que les violences ont sensiblement faibli dans le pays, même si la menace jihadiste demeure.

Aussitôt après l’annonce de la Fifa, le Premier ministre Haider al-Abadi a tenu à rappeler qu’elle était « le fruit de la stabilité en terme de sécurité et des succès remportés par l’Irak ».

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