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Chuck Blazer, « Monsieur 10% » devenu taupe du FBI, est décédé

L’Américain Chuck Blazer, ancien haut-dirigeant sulfureux du football mondial qui, devenu informateur du FBI, a plongé la Fédération internationale de football (Fifa) dans la plus grave crise de son histoire, est décédé à l’âge de 72 ans, a annoncé mercredi son avocat à l’AFP.

« Nous avons la grande tristesse d’annoncer que notre client et ami Chuck Blazer est décédé », indique Me Eric Comgold dans un communiqué dans lequel il ne précise pas les circonstances ni les raisons du décès, alors que les Etats-Unis organisent la Gold Cup 2017, la compétition-phare de la zone Amérique du nord, centrale et Caraïbes (Concacaf) qu’il avait créé.

Blazer, personnage haut en couleurs et reconnaissable à sa barbe très fournie, souffrait depuis plusieurs années de graves problèmes de santé, dont un cancer du colon.

« Ses fautes pour lesquelles il a reconnu sa totale responsabilité, ne doivent pas faire oublier l’impact positif qu’a eu Chuck sur le football international », rappelle l’avocat.

Pendant plus de deux décennies, Blazer était l’intermédiaire incontournable dans les sombres coulisses du football mondial.

Il a longtemps mené grand train grâce aux commissions et pots de vin qu’il recevait des comités de candidature à l’organisation de tournois, dont des Coupes du monde, des diffuseurs TV et autres sociétés de marketing sportif.

100 ans de prison

Mais pour éviter la prison, alors qu’il était passible de peines cumulées de 100 ans, il était devenu à partir de 2011 l’informateur-clé de la justice américaine dans son enquête contre l’instance du football mondial.

L’ancien secrétaire général de la Concacaf (1990-2011), membre du Comité exécutif de la Fifa (2007-13), avait enregistré ses pairs au profit du FBI et révélé aux enquêteurs qu’il avait reçu avec deux autres haut-dirigeants de la Fifa dix millions de dollars pour acheter des votes dans le cadre de l’attribution du Mondial-2010 en Afrique du Sud.

Il avait été suspendu à vie par la Fifa en juillet 2015 pour avoir accepté des pots-de-vin et dessous-de-table.

Sans jamais avoir tapé dans un ballon, ni fait d’études brillantes, il était devenu grâce à son entregent et à son sens des affaires un dirigeant essentiel du « soccer », comme est encore appelé le football aux Etats-Unis.

Il a ensuite élargi son influence sur le continent américain, puis sur l’ensemble de la planète football, grâce à son alliance avec au autre personnage sulfureux, Jack Warner.

Grâce aux informations fournies par Blazer, la justice américaine avait, en mai 2015, en plein congrès de la Fifa à Zurich (Suisse), fait arrêter et extrader des dizaines de hauts responsables de l’instance internationale pour racket, fraude et blanchiment portant sur plus de 100 millions de dollars sur une période de 25 ans.

Un appartement pour ses chats

Le « Fifagate » a finalement conduit l’emblématique président de l’instance internationale Joseph Blatter, réélu pour un cinquième mandat en juin 2015, à quitter quelques mois plus tard le poste qu’il occupait depuis 1998.

Aux plus belles heures de son « empire », Blazer se déplaçait à travers le monde en jet privé, parcourait les rues de New York dans un imposant véhicule tout-terrain Hummer payé par la Concacaf et louait deux gigantesques appartements, dont un pour ses… chats, sa grande passion.

Après un audit interne, la Concacaf avait révélé que Blazer avait touché 20,6 millions de dollars entre 1996 et 2011 grâce à ses activités, licites et illicites.

Ses ennuis judiciaires avaient débuté lorsque le fisc américain avait constaté que malgré son opulent train de vie, il n’avait pas fait de déclaration d’impôts entre 2005 et 2010.

Interpellé par le FBI en 2011 alors qu’il se rendait dans son restaurant new-yorkais préféré, il avait rapidement tourné le dos à ses anciens amis du football mondial, plongeant la Fifa dans une crise retentissante.

« Chuck éprouvait beaucoup de regrets et de tristesse pour ses actions passées (…) mais il a consacré l’essentiel de sa vie à faire du football un monde meilleur pour les joueurs et les supporteurs », conclut le communiqué annonçant son décès.

A l’issue de la victoire des Etats-Unis face à la Martinique (3-2) mercredi en Gols Cup, le sélectionneur américain Bruce Arena a rendu hommage à Blazer: « Je le connaissais depuis longtemps. Il a fait beaucoup pour notre sport, je suis désolé de ce qu’il s’est passé avec la Fifa, mais c’était quelqu’un de bien », a-t-il affirmé.

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