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Van Aert ou tout l’art d’être en forme au bon moment

Wout van Aert a été sacré champion du monde de cyclo-cross tandis que Mathieu van der Poel, le grand favori, n’est que troisième. Comment est-ce possible ?

 » La pression ? Seulement dans les pneus « , disait Mathieu van der Poel à chaque fois qu’on lui posait la question avant le championnat du monde. Il affirmait ne plus avoir connu le stress depuis le Mondial pour juniors de Coxyde en 2012 où, pliant sous le poids du rôle de favori, il avait pris un mauvais départ mais avait fini par s’imposer devant un certain Wout van Aert. Le Belge l’avait pourtant battu l’année suivante à Hoogerheide, devant son public.  » Mais j’avais été malade au cours des jours précédant la course « , disait-il.

Qui pouvait bien le battre à Valkenburg, alors qu’il avait remporté 26 courses sur 32 cette saison ? Jeudi, après trois minutes de vélo, il était rentré à l’hôtel : le temps était trop mauvais et il ne voulait pas risquer un refroidissement. De toute façon, il était en grande forme.

Comment expliquer, dès lors, qu’il ait concédé 2’30 » à Van Aert dimanche, par une température de zéro degré ? Et 13 secondes à Michael Vanthourenhout, qu’il avait relégué à 1’41 » la semaine précédente à Hoogerheide ? Le syndrome Sven Nys ? Un problème mental plutôt qu’un problème physique ? Il semble que oui puisque, dans le dernier tour, alors qu’il luttait avec Toon Aerts pour la médaille de bronze, c’est lui qui a signé le meilleur temps de tous les participants : 17 secondes de moins que dans l’avant-dernier tour. Il est même allé plus vite que lors des trois tours précédents.

Ce n’est donc pas Van der Poel mais Van Aert qui est devenu champion du monde. Il est le plus jeune coureur à conquérir à trois reprises le maillot arc-en-ciel chez les pros (il a six bons mois de moins qu’ Eric De Vlaeminck en 1969). Il faut remonter à 1979 et la victoire d’ Albert Zweifel avec 4’03 » d’avance dans la boue de Saccolongo pour voir un coureur s’imposer avec un écart aussi important (mais à l’époque, le cross durait près de 1h30). Et à novembre 2003 (victoire de Bart Wellens à Gavere avec 2’49 » d’avance sur Erwin Vervecken) pour voir une telle domination dans n’importe quel cyclo-cross important.

L’explication de la supériorité de Van Aert (outre les remarques insidieuses d’ Adrie Van der Poel qui affirme qu’il ne respirait pas) ? L’art d’arriver en forme au bon moment, qui lui a été inculqué par son coach, Marc Lamberts et son mentor, Niels Albert. Celui-ci sait comment se préparer pour un championnat du monde quand on a raté sa saison puisqu’il s’est lui-même imposé deux fois de la sorte : en 2009 (il avait loupé plus d’un mois de compétition suite à une chute à Gavere) et en 2012 à Coxyde (après trois semaines d’absence en raison d’une blessure au poignet).

Il ne faut pas non plus négliger le rôle joué par le sélectionneur national Sven Vanthourenhout qui s’est privé de Kevin Pauwels et a composé une équipe jeune dans laquelle Van Aert, très sensible à l’ambiance, s’est beaucoup amusé. Vanthourenhout a également emmené son ami soigneur Wesley Theunis à Valkenburg et il est allé courir avec son leader. En demandant à Tim Merlier de démarrer en boulet de canon, il a mis au point une tactique parfaite pour éviter que Van der Poel prenne l’initiative dès le départ comme il l’aurait souhaité.

Par Jonas Creteur

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