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Tour de France : tout reste à faire au pied des Alpes

Tout reste à faire dans le Tour de France qui entame mardi dans le massif alpestre son deuxième acte avec des favoris séparés par des écarts minimes et le Belge Greg Van Avermaet pour maillot jaune en sursis avant la montagne.

A Annecy, où la course a observé lundi sa première pause, le constat s’impose: la parole est revenue jusqu’à présent à la défense dans une course intense, étouffante à l’exemple de la chaleur ambiante, à défaut d’être débridée. Seule, l’étape des pavés menant dimanche à Roubaix a suscité l’excitation au prix de chutes en série dans la poussière. Pour le malheur de l’Australien Richie Porte, le seul des candidats au podium définitivement hors-jeu.

« On cherche d’abord à ne pas perdre de temps plutôt qu’à en gagner », relève Marc Madiot, manager de la Groupama-FDJ. « On essaie d’avoir des équipiers autour de soi pour assurer la journée ».

A ce jeu, chaque leader d’équipe préserve ses chances. Ils sont une dizaine à se tenir en une trentaine de secondes. Avec le légitime espoir de rivaliser en montagne. Dans les Alpes ? Le programme des trois prochaines étapes a été conçu pour monter en puissance. Le Grand-Bornand d’abord (par Glières, Romme, Colombière), La Rosière ensuite (par Bisanne, le Pré et le Cormet de Roselend), l’apothéose de l’Alpe d’Huez enfin (par Madeleine et Croix-de-Fer).

Thomas vers le maillot jaune

« On est soulagé », a reconnu Chris Froome, qui demeure le point de repère de la course. Sa chute sur les pavés, sa deuxième depuis le départ de Vendée, s’est avérée sans conséquence. Le Britannique sort de la première semaine sans réel avantage chronométrique. Au contraire, il compte 59 secondes de décalage sur le Gallois Geraint Thomas, son coéquipier censé être son lieutenant.

De là à transformer en leader Thomas, potentiel maillot jaune mardi au Grand-Bornand (tout comme le Luxembourgeois Bob Jungels), le pas est à franchir. Par le passé, l’équipe Sky a fait respecter sa hiérarchie interne (Wiggins aux dépens de Froome en 2012). Et Thomas n’a encore rien prouvé sur la distance de trois semaines, au contraire du quadruple vainqueur du Tour.

Pour l’équipe Movistar, dont la puissance collective a fait merveille sur les pavés, un terrain a priori hostile, le question demeure la même qu’au départ. Faut-il choisir entre Nairo Quintana et Mikel Landa? Le premier est en retard par rapport au second (1 min 08 sec). En contre-partie, l’Espagnol a durement chuté sur la route de Roubaix (à 40,6 km/h, selon les données diffusées) même s’il n’a lâché pour finir que 7 secondes à son coéquipier colombien.

Les responsables d’équipes essayent logiquement de garder deux fers au chaud le plus longtemps possible. Ils s’en remettent à la vérité du terrain. Dans les cols des Alpes, la hiérarchie s’établit naturellement. Mais le passé récent montre que les niveaux sont très proches entre les meilleurs, surtout dans la première partie du Tour, avant que la fatigue fasse son oeuvre.

Changement au programme

Derrière les favoris (Froome, Quintana, Nibali, T. Dumoulin, Landa, Bardet, Uran), les outsiders sont encore dans la course, sensiblement à égalité de temps. Le Slovène Primoz Roglic, le Danois Jakob Fuglsang, le Polonais Rafal Majka, voire le Britannique Adam Yates, tous catalogués grimpeurs, ont l’avantage d’être moins surveillés. Sont-ils prêts à prendre des risques pour profiter de cette latitude?

Le meilleur grimpeur du Tour 2017, Warren Barguil, est dans le même cas. Il a su se faire oublier, loin de l’attention accordée en France à Romain Bardet qui assume ouvertement ses ambitions. Mais, après neuf étapes, le Breton pointe à seulement 5 secondes de son compatriote.

Depuis le début du Tour, l’équipe AG2R La Mondiale de Bardet accumule les pépins. Lui s’en est sorti intact (« par miracle », a-t-il dit à Roubaix), ses coéquipiers beaucoup moins. La dernière mauvaise nouvelle? l’abandon annoncé lundi d’Alexis Vuillermoz, qui a chuté dimanche par la faute d’un spectateur. La bonne nouvelle, c’est que l’Auvergnat, sur le podium ces deux dernières années, affiche une grande condition.

Le temps, uniformément beau depuis le départ, envisage des premières turbulences (orage possible). Pour la course aussi, le changement, c’est maintenant!

Chris Froome ne s’attend pas une grosse bagarre mardi dans les Alpes

Le Britannique Chris Froome (Sky) ne s’attend pas à une grosse bagarre mardi, a expliqué le quadruple vainqueur du Tour de France lundi à la presse lors de la journée de repos à Annecy.

« C’est une étape de pure montagne, cela va être dur et des coureurs vont souffrir, j’imagine que cela ne sera pas évident pour Greg Van Avermaet par exemple. Je ne pense pas qu’il va se passer beaucoup de choses. La route est encore longue. Ce n’est pas vraiment technique encore. Ce sera autre chose sur le vélo, mais je n’imagine pas beaucoup de changements. »

Geraint Thomas, son compatriote, est pour l’heure 2e à 43 secondes de Greg Van Avermaet au classement général. Froome est lui 8e à 1:42, mais ne voit pas de soucis dans cette situation. « Pour l’instant, Geraint est devant. Mais les options pour le Tour sont bien définies. S’il peut prendre le maillot jaune dans les prochains jours, c’est bien d’avoir cette option-là aussi, mais je suis bien dans le coup. »

Chris Froome avait chuté dimanche sur les pavés aussi, comme beaucoup de coureurs, lors de la 9e étape vers Roubaix, mais le Britannique ne souffre d’aucune séquelle. « Dieu merci. J’ai eu de la chance, je n’ai pas vraiment chuté sur les pavés, mais plus sur de l’herbe. Quand je vois des blessures d’autres coureurs, je peux m’estimer chanceux. »

Son équipe a également déclaré qu’une décision après le Tour serait prise pour une éventuelle participation à la Vuelta. Chris Froome n’a pas démenti l’avoir envisagée. « L’envisager oui, maintenant on verra. Je suis d’abord occupé avec le Tour de France. Si je peux bien récupérer derrière, c’est très bien. Mais une chose à la fois », a confié Chris Froome qui pourrait disputer ainsi les trois grands Tour sur l’année, Giro, Tour de France et Vuelta (du 25 août au 16 septembre).

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