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Dix-septième étape: La Mure – Serre-Chevalier

Il aura fallu attendre la 17e étape, si on met le Peyresourde entre parenthèses, mais le peloton y est enfin : dans les cols mythiques. Avec, aujourd’hui et demain, deux de ceux que Christian Prudhomme appelle le  » quintette magique  » : le Galibier et l’Izoard, les autres étant l’Alpe d’Huez, le Tourmalet et le Ventoux. Le directeur en est conscient : ces cols exercent un énorme pouvoir sur les gens.

Après le départ à La Mure, les coureurs reçoivent un amuse-gueule, le Col d’Ornon, qui n’a été escaladé qu’à six reprises et est donc peu connu. Ils entament ensuite les deux plats principaux, des classiques : le Col de la Croix-de-Fer et le duo Télégraphe et Galibier. Au total, ça représente 55 kilomètres de grimpe, le chiffre le plus élevé de ce Tour.

La Croix-de-Fer prend vingt kilomètres à son compte. Ce n’est pas la vraie Croix-de-Fer mais un prolongement du Col du Glandon (1.899 mètres). La longueur totale du col, qui culmine à 2.067 mètres, est de 24 kilomètres mais il comporte deux brèves descentes, ce qui limite à 5,2 % le pourcentage de la pente. Cinq kilomètres affichent un minimum de 9% : l’ascension est donc très irrégulière.

Après 40 kilomètres en descente puis en vallée, c’est le tour du Télégraphe puis du Galibier. Un duo classique, même s’il n’a plus été associé depuis 2011. Andy Schleck était arrivé en tête au sommet de 2.642 mètres, avec Alberto Contador, qui avait lancé une attaque kamikaze au Télégraphe, en vain, comme il s’en était rendu compte plus tard dans l’Alpe d’Huez. La veille, Schleck avait déjà triomphé sur l’autre face du Galibier, au terme d’un solo héroïque. Il avait enfilé le maillot jaune mais Cadel Evans avait limité les dégâts et avait détrôné le Luxembourgeois dans le contre-la-montre suivant.

LA COURSE AUX POIS

Cette fois, le peloton dévale ce que Schleck avait gravi : pendant 28 kilomètres, jusqu’à l’arrivée à Serre-Chevalier. Elle est très raide au début mais après le carrefour du Col du Lautaret, la pente ne comporte plus guère de virages. Le meilleur grimpeur au Galibier ne passera donc pas nécessairement l’arrivée en tête. Le peloton pourrait avoir recours à une tactique qui a fait ses preuves ; envoyer des coéquipiers à l’avant, pour faire la guerre. Il est tout aussi possible que Sky lance son train, avec Froome en machiniste avisé derrière.

Les fameux hommes à pois peuvent aussi marquer des points décisifs grâce à une échappée précoce. Il n’est pas certain qu’un grimpeur de second rang comme Rafal Majka enfile si aisément le maillot à pois. Le règlement de la montagne a en effet été revu et corrigé. L’année dernière, on distribuait des doubles points à chaque ascension et col hors-catégorie. Ça avait produit un classement où Majka avait 209 points alors que le top cinq du classement – Froome, Bardet, Quintana, Yates, Porte – en comptait 67, tous ensemble…

On a donc rectifié le tir et cette année, les chèvres de montagne ne pourront gagner le double des points qu’une fois, dans le dernier col de ce Tour, l’Izoard. On a légèrement gommé le déséquilibre entre la cotation des cols hors-catégorie et de première catégorie : 20-10 au lieu de 25-10. Ça devrait fournir  » un vrai champion  » pour le maillot de la montagne, dixit Prudhomme.

MOINS DE COLS

Malgré son passage par tous les massifs montagneux du pays, le tracé 2017 comporte moins d’ascensions hors-catégorie (sept), de première (onze) et de deuxième catégorie (cinq), pour un total de 23, contre 28 en 2016, 25 en 2015 et en 2014. Mais ces cols affichent une déclivité plus élevée, ce qui doit fournir des vainqueurs plus prestigieux selon Prudhomme. Sur les huit étapes de montagne de 2016, deux seulement sont revenues à des coureurs ayant achevé le Tour parmi les dix premiers : Froome et Bardet.

Est-ce un présage ? En 1975, Bernard Thévenet, maillot jaune sur le dos, est arrivé en tête à l’arrivée d’aujourd’hui, à Serre-Chevalier, au terme d’un superbe solo. En 1994, lors de la dernière arrivée dans le village, Tony Rominger a battu au sprint le leader Miguel Indurain. Mais en 1986, un inconnu, Eduardo Chozas, l’Espagnol spécialisé dans les longues échappées en haute montagne, s’était imposé. Le Tour est décidément imprévisible. Y compris pour Prudhomme.

Une échappée précoce peut permettre aux prétendants au maillot à pois de marquer des points décisifs.

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