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Ce qu’il faut savoir sur le Giro 2018

Le premier maillot rose du Giro est attribué vendredi à Jérusalem, très loin de l’Italie, au départ de la 101e édition d’une course passionnante, à travers son histoire, et indécise cette année malgré la présence du Britannique Chris Froome, favori logique.

– 9700 mètres pour un maillot –

Le Giro 2018 commence par son étape la plus courte, un parcours de 9700 mètres tracé dans la partie ouest de Jérusalem, avec départ et arrivée près de la vieille ville. Le « chrono », qui passe près de la Knesset, est très ondulé, avec des changements continus de direction et de pente (jusqu’à 9 % à l’approche de la ligne), suivant les organisateurs qui ont calculé une moyenne de l’ordre de 43 km/h.

Si une surprise est loin d’être à exclure sur un tracé aussi technique comportant 18 virages, le vainqueur sortant du Giro, le Néerlandais Tom Dumoulin, pourrait ajouter un nouveau maillot rose à sa collection.

« Tom est le champion du monde (du contre-la-montre) », rappelle Froome. « Ce ne serait pas la fin du monde si je ne performe pas mais j’espère gagner », confirme le Néerlandais qui désigne, toutefois, un autre favori: le champion d’Australie Rohan Dennis, vainqueur d’un exercice approchant dans le Tour de France 2015 à Utrecht (Pays-Bas).

– Matériel et nourriture: la spécificité d’Israël –

Un mot d’ordre: adaptation. Les 22 équipes ont dû modifier leurs habitudes pour le Grand départ de Jérusalem et les trois premières étapes hors d’Europe. Les vélos ont été transportés à l’avance, le 30 avril, par avion cargo et le gros du matériel leur a été fourni sur place à partir d’un cahier des charges précis.

A la place des habituels bus et camion technique, chaque formation dispose pour le séjour israëlien de deux vans, dont l’un est équipé de neuf sièges, d’un camion de 7,5 tonnes et de quatre véhicules type break. Même le nombre de bassines (3) et leur format (médium) a été déterminé par les organisateurs !

Sur place, quinze chambres d’hôtel sont prévus pour chaque équipe. Soit l’hébergement calculé pour 23 personnes (8 coureurs et 15 membres du staff) par les organisateurs qui ont rappelé par précaution, avant le déplacement, qu’en Israël « tous les espaces public sont casher par définition ».

– Des grimpeurs mais peu de sprinteurs –

Si les grimpeurs se comptent en nombre, le peloton manque –étonnamment– de sprinteurs bien que quatre étapes au moins leur soient dédiées (Tel Aviv, Eilat, Praia a Mare, Rome). En l’absence des stars de la spécialité, l’Italien Elia Viviani et l’Irlandais Sam Bennett s’avancent donc en confiance.

« Je suis habitué à gagner dans le désert », s’amuse Viviani, qui a déjà brillé dans des courses organisées dans le Golfe. Du coup, le champion olympique de l’omnium évoque ouvertement le maillot du classement par points.

« La dernière étape à Rome va avoir lieu dans un décor incroyable », dit l’Italien à propos de l’arrivée jugée le 27 mai aux Forums impériaux. « J’aimerais l’atteindre avec trois victoires d’étape et le maillot cyclamen ! »

– Des arbitres pour le match Froome-Dumoulin –

« Le palmarès de Froome est bien plus important que le mien: j’ai gagné le Giro une fois, il a remporté le Tour de France à quatre reprises et la Vuelta une fois », rappelle Dumoulin, interrogé sur les deux têtes d’affiche du plateau.

Mais la course au maillot rose est loin de se résumer à un duel. Elle réunit aussi des grimpeurs qui, soit ont déjà l’expérience d’un podium dans les grands tours, soit rêvent d’imiter Dumoulin, vainqueur-surprise l’an passé.

« C’est le bon moment pour gagner le Giro », calcule le champion d’Italie Fabio Aru, de retour après sa deuxième place de 2015. « J’espère monter sur le podium », annonce le Français Thibaut Pinot (4e l’an passé), en belle forme.

Dans ce lot, le Colombien Esteban Chaves (2e en 2016), qui forme équipe avec le Britannique Simon Yates, est lui aussi concerné. Et, plus encore, son compatriote Miguel Angel Lopez, l’une des étoiles montantes du cyclisme andin.

– Le Giro respectera le shabat à Jérusalem –

L’édition 2018 du Tour d’Italie cycliste (Giro), qui s’élancera vendredi de Jérusalem, y respectera le shabat, jour sacré de repos du judaïsme au cours duquel il est interdit de travailler ou de faire du vélo, ont assuré jeudi les autorités israéliennes. « Nous avons fait en sorte avec les organisateurs de ne pas violer le shabat » dans la ville sainte, a déclaré Zeev Elkin, le ministre chargé de Jérusalem, sur la radio publique.

Le Tour d’Italie démarre vendredi peu avant 14H00 (11H00 GMT) pour la première fois hors d’Europe, dans la partie ouest de Jérusalem, sous la forme d’un contre-la-montre. Le shabat commence à la tombée de la nuit le vendredi soir et s’achève à la tombée de la nuit le samedi soir. La 2e étape aura lieu samedi entre Haïfa et Tel Aviv, sur la côte méditerranéenne.

Mais, la veille à Jérusalem, l’emploi de milliers de policiers et autres professionnels pendant le shabat à proximité du Mur des lamentations, lieu saint du judaïsme, n’aurait pas manqué de provoquer des critiques voire une crise avec les partis ultra-orthodoxes membres de la coalition au pouvoir. La religion juive proscrit le travail, dans une acception très large, le jour du shabat et encourage l’étude de la Torah, la prière à la synagogue ou le sommeil.

Les activités publiques ou professionnelles pendant le shabat, par exemple les matches du championnat de football, donnent lieu à des querelles récurrentes illustrant la confrontation en Israël entre l’observance des règles juives et la vie moderne.

Sur la radio publique, M. Elkin s’est par ailleurs réjoui des retombées du choix de Jérusalem comme point de départ du Giro. « Cela a attiré 10.000 touristes, tous les hôtels sont pleins, cela va rapporter plus de 50 millions de shekels (14 millions de dollars), et un milliard de téléspectateurs dans le monde entier vont pendant six heures voir Jérusalem de façon très positive », a-t-il dit.

Il a noté la dimension « symbolique » de l’évènement: « Il y a deux mille ans, nous (les juifs) sommes partis de Jérusalem à cause de Rome. Nous y sommes revenus et ce sont les Italiens qui viennent à Jérusalem ». Il faisait référence à l’expulsion des juifs en 135 par les soldats romains qui occupaient alors la Palestine.

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