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Polémique à La Réunion après la mort d’un bodyboardeur tué par un requin

Les scientifiques se retrouvaient mercredi au centre d’une polémique qui enfle depuis l’attaque mortelle d’un squale sur un jeune bodyboardeur, accusés de ne pas trouver de solution à la crise requin sévissant dans l’île depuis 2011.

Le maire de Saint-André, la commune où le drame a eu lieu, a sommé les experts d’aller « vivre ailleurs » dans une interview au journal télévisé de Réunion 1ère.

« Il faut déclarer la guerre aux requins. Un point c’est tout. Ça plaît aux scientifiques, tant mieux. Ca leur plaît pas, qu’ils aillent vivre ailleurs », a lancé Jean-Paul Virapoullé, le maire UDI de Saint-André et dirigeant de la droite locale.

Un jeune homme de 26 ans, Alexandre Naussac, 26 ans, a été mortellement happé mardi par un squale alors qu’il faisait du bodyboard avec des amis près de l’embouchure de la rivière de Mât.

La baignade et les activités nautiques sont interdites dans cette zone située sur la côte est de l’île, connue pour sa dangerosité.

« Il y a trop de pseudo-scientifiques qui viennent nous casser les pieds à La Réunion », a estimé M. Virapoullé, en allusion au dispositif « Cap Requin » qui étudie les requins.

Depuis une recrudescence des attaques de requins, à partir de 2011, certaines associations d’usagers de la mer accusent les chercheurs de « vouloir plus protéger » les animaux marins que la population.

« Aux Seychelles et en Afrique du Sud, on les combat. A La Réunion, on les nourrit, on les engraisse, on les élève », a martelé M. Virapoullé.

Erick Murin, dirigeant local du Conseil représentatif des associations noires (Cran), a indiqué à l’AFP qu’il ne « condamne pas les propos de M. Virapoullé ». Il a demandé aux scientifiques « de se presser, de trouver des solutions parce qu’il y a des attentes. Malheureusement, le calendrier scientifique n’est pas le calendrier politique », a-t-il dit à l’AFP.

A chaque attaque de squales, l’opinion publique se divise entre ceux qui estiment que les requins « sont chez eux dans la mer », et ceux qui veulent juguler la crise.

M. Virapoullé a annoncé que le conseil régional, dont il est le troisième vice-président, a décidé de « ne plus participer au financement » de la réserve marine de La Réunion, « tant qu’une table ronde ne sera pas tenue pour définir quelle politique mettre en place pour éradiquer les requin bouledogues et les requins tigres ».

Le conseil régional n’a pas commenté cette déclaration.

Karine Pothin, directrice gestionnaire de la Réserve marine, a simplement indiqué à l’AFP que « pour l’instant », ce financement « n’est pas supprimé ». Créée en 2007, la Réserve naturelle marine s’étend sur 40 km de la côte ouest de l’île et couvre une surface de 35 km2 contenant 3.500 espèces de faune et de flore marines.

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