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Après l’enfer, Luvo Manyonga rêve de devenir roi de la longueur

Médaillé d’argent du saut en longueur aux Jeux de Rio, le Sud-Africain Luvo Manyonga démarre la saison avec des performances qui affolent les statistiques. Sorti de la misère et de la drogue, il vise désormais le mythique record du monde de Mike Powell (8,95 m).

Le mois dernier, à Pretoria, l’athlète s’est littéralement envolé. Il est retombé dans le sable 8,62 m plus loin en signant la meilleure performance mondiale à la longueur depuis 2009 et en améliorant, au passage, le record d’Afrique de 12 cm.

Ce week-end, il sera évidemment le grand favori de la discipline aux championnats d’Afrique du Sud à Potchefstroom (nord-ouest). Mais son ambition dépasse aujourd’hui largement les frontières de la « nation arc-en-ciel ». « Mon rêve, c’est de devenir le premier athlète à sauter au-delà des 9 mètres », affirme-t-il à l’AFP.

Neuf mètres, soit 5 cm de plus que la marque de référence gravée dans l’histoire de la longueur par l’Américain Mike Powell aux Mondiaux de Tokyo en 1991.

« Aucun record ne doit persister pour l’éternité. Ça a été l’un de mes objectifs avant même d’avoir commencé à sauter en compétition », confie l’ambitieux athlète de 26 ans.

« Cela fait trop longtemps que personne ne s’est approché des 9 m et je sais que je suis capable de sauter bien plus loin que mon record de Pretoria », poursuit-il.

– ‘La mort en face’ –

Il y a quelques années, Luvo Manyonga était pourtant très loin des podiums internationaux.

« J’ai touché la mort du doigt », raconte-t-il en évoquant son addiction au « tik », un dérivé de la méthamphétamine qui fait des ravages dans les quartiers sud-africains.

Dans le township de Mbekweni, à quelques encablures de la prestigieuse route des vins dans la région du Cap (sud), Manyonga a dû apprendre à survivre à la pauvreté et au crime.

Deux hommes ont cru en lui. Son premier entraîneur, Mario Smith, aujourd’hui décédé, et le chef de la délégation olympique sud-africaine Gideon Sam.

« Il avait la technique la plus parfaite que j’avais jamais vue chez un sauteur en longueur », assurait Smith en se souvenant de leur première rencontre.

« Quand je me réveille le matin, je me demande où je me trouverais sans ceux qui ont cru en moi pendant mes années les plus sombres », confie Manyonga.

Champion du monde junior en 2010, 5e des Mondiaux de Daegu en 2011: la carrière de Manyonga semblait donc sur les rails.

Mais en 2012, suspendu dix-huit mois pour avoir manqué un contrôle antidopage, le champion replonge dans la drogue et entame une longue traversée du désert.

– Record en tête –

Aujourd’hui basé dans la capitale sud-africaine Pretoria, le sauteur en longueur suit un programme de désintoxication.

Il a repris l’entraînement à plein temps en 2015 et, un an plus tard, il a décroché l’argent olympique aux Jeux de Rio avec un saut à 8,37 m, un petit centimètre seulement derrière le médaillé d’or, l’Américain Jeff Henderson.

« Luvo a été contrôlé immédiatement après son record à Pretoria », assure Lee-Roy Newton, son agent, qui veut déminer tout soupçon de dopage. « Il est propre depuis qu’il est en désintox », jure son nouveau mentor.

« Nous avons laissé Lee-Roy prendre le contrôle total de la carrière de Luvo. Il fait un gros travail pour l’aider à se concentrer sur ce qu’il fait de mieux: sauter », explique Gideon Sam.

Même son entraîneur Neil Cornelius est aujourd’hui épaté par les performances de son champion.

« Je pensais que Luvo allait battre le record d’Afrique, mais d’un centimètre ou deux. Jamais dans mes rêves les plus fous j’aurais imaginé qu’il le pulvérise de 12 cm », confie-t-il.

Ses performances font de lui l’un des principaux prétendants à la médaille d’or aux prochains Mondiaux de Londres (4-13 août).

Il pourra s’y inspirer de son compatriote Wayde van Niekerk, champion olympique du 400 m l’an dernier à Rio avec un temps de 43.03, qui a fait tomber un autre record du monde jusque-là réputé imbattable.

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